
L'éducation des filles au Togo
Historiquement, le Togo a longtemps fait partie des pays les plus scolarisés d’Afrique francophone. Dès 1980 il s’est engagé vers la scolarisation universelle primaire. Mais les crises financières, économiques et politiques qui ont touché le pays au début des années 1980 puis une seconde fois en 1990 ont engendré un recul important de la scolarisation et ont remis en cause la progression vers l’universalité de l’école primaire.
Le pays se retrouve tout en haut du classement, première place, du pays africain le plus atteint par la déscolarisation. Ainsi on assiste à un recul de la scolarisation avec un taux de scolarisation primaire passant de 72,1% en 1980/81 à 52,6% en 1984/85. Cette déscolarisation touchera tout particulièrement les filles et remettra en cause la progression de la parité filles/garçons, en particulier dans l’enseignement primaire. En effet l’indice de parité stagne puis chute. Il faudra plus d’une décennie pour que cet indice remonte.
Le gouvernement ne baisse pas les bras
Le gouvernement, conscient de la situation des jeunes filles togolaises, encourage les parents à inscrire leurs filles à l’école, au lieu de les soumettre seulement aux travaux champêtres.
Ainsi en 1998, un arrêté interministériel est voté en faveur d’une discrimination positive concernant le paiement des frais de scolarité des filles. En effet les frais de scolarité sont excessifs pour les parents et peuvent constituer un obstacle sérieux à l’inscription et à l’achèvement de l’éducation de leurs filles. Désormais les frais de scolarité pour les filles sont 30% moins chers que pour les garçons.
On note aussi l’élimination des stéréotypes sexistes dans les manuels scolaires, le soutien aux écoles communautaires et leur transformation progressive en établissements publics pour réduire les disparités régionales, la suppression des frais scolaires dans le préscolaire et le primaire depuis la rentrée 2008/2009.
D’autres actions sont par ailleurs menées par le gouvernement. Entre autres la lutte contre les grossesses précoces (en Afrique subsaharienne, plus de 50% de jeunes femmes deviennent mères avant l'âge de 20 ans) et non désirées en milieu scolaire. Il y a aussi l’alphabétisation des adultes et des enfants déscolarisés surtout les filles (44,5 % des femmes entre 15 et 24 ans ne sont pas alphabétisées), la lutte contre les violences en milieu scolaire à l’égard des filles, la création de clubs d’excellence avec attribution de bourses aux meilleures filles, la mise en place des clubs de filles et de mères pour promouvoir les modèles valorisants.
Des efforts louables ont été réalisés mais il reste encore à faire
La population est très jeune et augmente rapidement (2,6 % par an). Depuis 2010, les efforts du gouvernement pour le développement de l’éducation ont aidé les enfants à accéder et à finir l'école primaire.
Cependant le Togo doit surmonter encore un bon nombre d’obstacles en vue de poursuivre la réduction des inégalités sexuelles. Ces obstacles se situent à la fois au sein du système scolaire et au sein de l’emploi.
En effet outre les taux de redoublement et les taux d’abandon plus élevés chez les filles que chez les garçons et les taux féminins de réussite aux examens plus faibles, les taux de passage des filles d’un degré à l’autre s’avèrent inférieurs à ceux des garçons. Les filles sont particulièrement défavorisées et sous-représentées au collège: elles ne sont que 24 % à terminer la classe de 3e contre 45 % pour les garçons.
D’autre part, l’absence de politiques en faveur de l’emploi féminin constitue un facteur déterminant dans le renoncement des filles et de leurs parents à la poursuite des études dans le secondaire. Ainsi les conceptions ancrées concernant les rôles des filles comme dispensatrices de soins, mères, épouses et ménagères influent sur les perceptions de la valeur de l'éducation des filles et les choix de vie et de carrière qui leur sont disponibles.

De plus, on peut constater que la crise politique et économique qui atteint toujours le Togo n’est guère favorable ni au développement de la scolarisation, ni à la réduction des inégalités scolaires selon le sexe.
En effet, de toute évidence, l’histoire économique et scolaire du Togo démontre que la scolarisation des filles est plus sensible aux crises économiques que celle des garçons. L’instabilité de l’indice de parité filles/garçons (et son recul en période de crise économique y compris dans l’enseignement primaire) semble indiquer la dépendance entre le développement de la scolarisation des filles et les possibilités d’accès à des emplois.
Cependant, le Togo apparaît très en avance sur la prise en compte des discriminations sexuelles et sur le développement des moyens juridiques à mettre en œuvre afin de lutter contre celles-ci.
Le Projet Togo