Une bonne note = Un cadeau, une bonne méthode pour inciter son enfant à travailler ?
A l’approche des fêtes de fin d’année, nombreux sont les parents qui offrent un cadeau à leur enfant pour les féliciter d’avoir bien travaillé toute l’année à l’école et de s’être bien comporté, en d’autres termes d’avoir été un « bon garçon » ou une « bonne fille ». Un peu comme la carotte pour faire avancer l’âne, le cadeau permet dans certains cas de motiver et d’inciter les enfants à bien travailler. Mais est-ce pour autant une bonne méthode ?
-
Inciter à bien travailler à l’école en promettant une récompense fonctionne sous certaines conditions
Qui n’a jamais eu le sermon « si tu ne travailles pas bien à l’école tu n’auras pas de cadeau cette année ! ». Il est vrai que le cadeau motive, il permet à chacun de se donner un objectif car le cadeau est une récompense, l’objet de notre réussite. Ainsi c’est comme ça que la plupart du temps, dans la société en général, les gens se motivent à travailler, à se donner des objectifs, car ils savent qu’au final il y aura une récompense (salaire, promotion, cadeau, reconnaissance…).
Pour les enfants cela reste pareil et les parents l’ont bien compris. Cela peut les inciter à bien travailler, cependant la récompense nécessite quelques conditions pour fonctionner.
Premièrement, même si cela peut paraître logique il faut que le cadeau reste exceptionnel. Plus le cadeau est rare plus l’enfant sait qu’il a de la valeur et qu’il travaille pour une raison précise. Au contraire, si celui-ci reçoit un cadeau à chaque fois, il s’y habitue, et cela peut facilement faire apparaître du « chantage », autant du côté des parents que des enfants. L’enfant qui a été beaucoup gâté veut un cadeau sinon il ne travaillera pas bien et les parents veulent que l’enfant travaille sinon il n’aura pas de cadeau.
Ensuite, il est nécessaire que le cadeau que l’enfant reçoit ait une réelle valeur, pas forcément financière mais émotionnelle. Dans le cas contraire, l’enfant pourrait être dégouté et ne pourrait ne plus avoir envie de travailler car la récompense ne vaut pas le travail fourni.
Enfin, il faut également inciter l’enfant à travailler tout le temps. En effet, une fois le cadeau obtenu, l’enfant peut décider d’arrêter de travailler car il n’y a plus de récompense pour le satisfaire. Il faut donc le stimuler constamment afin d’améliorer la productivité de l’enfant.
2. Le cadeau n’est pas la solution pour inciter son enfant à travailler à l’école/bien se comporter
Cependant, bien que le cadeau soit souvent vu comme un bon moyen de motiver un enfant à travailler, ce n’est pas la meilleure solution. Il existe d’autres méthodes :
-
Le suivi des devoirs (par les parents, un professeur, un tuteur, etc …) : surveiller régulièrement si un enfant fait correctement ses devoirs permet de le motiver à travailler (car il sait que son travail sera vérifié) et, à long-terme, d’installer une saine routine de travail à la maison. De plus, si les habitudes de travail sont acquises à un jeune âge, il est fort probable qu'elles soient conservées tout au long de la scolarité.
-
Les félicitations : féliciter un enfant pour ses résultats va l’aider à aimer travailler et donc à plus travailler.
-
Les récompenses (hors cadeaux) : compliments, valorisation, marques d’affection sont autant de façons de récompenser un enfant pour son travail sans lui acheter de cadeau mais avec le même effet : inciter à travailler.
-
L’encouragement : encourager un enfant dans ses efforts va l’aider à ne pas baisser les bras et à persévérer dans son travail.
-
Le soutien en cas de mauvais résultats : soutenir un enfant en cas de mauvais résultats et le rassurer sont de bons moyens de d’éviter une perte ou une diminution du travail en cas d’échec.
Offrir un cadeau pour s’assurer du travail d’un enfant est un moyen qui ne peut fonctionner à long-terme : les parents ne seront pas toujours là pour offrir un cadeau à leurs enfants quand ils travaillent bien : il est donc important, pour leur avenir, qu’ils apprennent à travailler sans qu’il y ait nécessairement un cadeau à la fin. Il faut faire comprendre aux enfants pourquoi il est important de travailler et d’apprendre pour qu’ils se motivent d’eux-mêmes à travailler : c’est la tâche des parents mais aussi des professeurs, des tuteurs et de tous ceux qui vont les accompagner durant leur scolarité.
3. Un enfant qui ne veut pas travailler/écouter en
classe/apprendre est-ce que c’est grave ?
Ainsi, c’est une chose que de récompenser un enfant à la hauteur de son travail car cela lui apprend le mérite tout autant que le goût de l’effort. Mais il est clair que ce n’est ni une méthode suffisante, ni applicable à tous les cas de figure. Que faire alors, lorsqu’un enfant a du mal à suivre en classe ? Faut-il le priver ? Il y aurait là une grande méprise, puisque ce serait nier les faiblesses d’un système qui, parce qu’il brasse des masses importantes d’élèves, a tendance à standardiser l’enseignement et à ne plus être capable de s’adapter aux personnalités de chacun. La très controversée, tout autant qu’adulée, Céline Alvarez défend ce point de vue dans ses ouvrages, Les lois naturelles de l’enfant et Une année pour tout changer pour ne citer qu’eux. Derrière l’idée utopique d’un « miracle » éducatif, et sans doute même un dogme de la concentration autour du bien-être de l’enfant et non-plus de la transmission de connaissances, et de la formation de futurs citoyens, l’action militante d’Alvarez a au moins le mérite de poser la question de l’efficacité de nos systèmes. Et face à cela, ne pas choyer un enfant sous prétexte qu’il ne parvient pas à s’adapter à un système qui ne lui correspond pas… serait tout simplement une injustice !
On pourrait tout aussi bien poser le problème dans l’autre sens, c’est-à-dire se demander si, en gâtant un enfant, on ne le stimulerait pas davantage pour qu’il apprenne à l’école. Force est de constater que le résultat est le même, et que l’on ne peut pas appliquer la politique du bâton et de la carotte indéfiniment… Les élèves devront bien, à un moment donné, aimer quelque chose, l’apprendre, en faire leur force, et sans qu’ils soient poussés par autre chose que leur propre envie. Et si, au fond, le plus beau cadeau n’était pas d’aimer quelque chose ? Et si, en fin de compte, la curiosité, qui permet à l’enfant de découvrir quelque chose qu’il aime, était ce qu’il a de plus cher, et que l’on devrait tout faire pour satisfaire ? Comme dirait Confucius, choisissez un travail que vous aimez et vous ne passerez pas un seul jour de votre vie à travailler !
Les P'tits Tutorés